Plus d’un accouchement sur cinq fait l’objet d’un déclenchement

Dans sa toute dernière étude, le CIANE (Collectif interassociatif autour de la naissance) s’interroge sur une pratique qui peut être vécue de façon éprouvante  : l’accouchement déclenché.

Selon cette étude plus d’un accouchement sur cinq fait l’objet d’un déclenchement : 27,1% des primipares et 20,7% des multipares concernées entre 2014 et 2014.

Dans 63% des cas, les raisons invoquées pour justifier ce déclenchement sont d’ordre médical (l’étude ne précise pas lesquelles, ce qui est dommage) et dans 33% des cas, le déclenchement est lié à un dépassement du terme (l’étude ne mentionne pas non plus la durée moyenne de ce dépassement). Les raisons de convenance personnelle ou d’organisation des services ne sont que rarement invoquées, ce qui est plutôt rassurant.

Toujours selon cette étude, seules 58% des femmes dont l’accouchement a été déclenché ont reçu une information préalable et se sont vues demander leur consentement. Parmi celles qui n’ont pas été informées et/ou auxquelles personnes n’a demandé leur avis, elles sont 44% à l’avoir mal ou très mal vécu.

Cela parait absolument incroyable que des femmes puissent, aujourd’hui, en France, subir un accouchement déclenché sans en être préalablement informées et sans que l’on se soucie de leur avis… Il est pourtant évident que plus une femme comprend pourquoi le déclenchement est nécessaire, mieux elle vivra la situation. D’autant plus que déclencher un accouchement est un acte  loin d’être anodin. Il prive tant la mère que l’enfant d’un lien avec ce qui est “plus grand qu’eux“, ce démarrage spontané des contractions que ni l’un, ni l’autre ne maîtrise, ni ne contrôle. S’il est difficile de mesurer l’impact de cette pratique sur le bébé, on peut tout de même imaginer que cette éjection forcée du ventre maternel n’est pas sans conséquences.  D’autre part, le déclenchement s’accompagne généralement d’une péridurale car les contractions provoquées sont beaucoup plus douloureuses que les contractions classiques. De fait, pour les femmes qui s’étaient préparées pour un accouchement sans médicalisation et qui y tenaient fortement, cette naissance déclenchée peut être source d’une forte déception. Enfin, comme l’étude le souligne, le déclenchement augmente de façon significative le taux de césarienne : 22,8% entre 2008 et 2014 contre 9,5% pour les accouchements spontanés.

Espérons que l’étude du CIANE puisse faire avancer les pratiques vers davantage de respect vis-à-vis des femmes concernées et que cette mise au monde provoquée puisse rester limitée aux situations médicales qui la nécessitent réellement.

Nathalie Mlekuz

 

 

 

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