Depuis 1994, la péridurale est remboursée à 100% par l’Assurance maladie. Parallèlement, le nombre de femmes souhaitant une péridurale dès leur arrivée à la maternité n’a cessé d’augmenter. Selon une récente enquête du CIANE (Collectif Interassociatif Autour de la Naissance), seules 7% des femmes attendant leur premier enfant souhaitent ne pas recevoir la péridurale. Après l’accouchement, ce sont pourtant ces femmes ayant souhaité et réussi à accoucher sans péridurale qui sont les plus satisfaites (97%) alors qu’elles ne sont que 78% à être très ou plutôt satisfaites lorsqu’elles ont souhaité et obtenu la péridurale, les insatisfactions étant globalement liées à des problèmes techniques (pose laborieuse ou mal faite, péridurale inefficace ou latéralisée), à une absence de sensations lors de la naissance ou à un problème de tempo (péridurale réalisée très peu de temps avant la naissance).
Dans l’esprit de nombreuses femmes, la péridurale apparait aujourd’hui comme un passage obligé. Une évidence. A quoi bon souffrir si les progrès techniques permettent de l’éviter ? Une jeune femme que j’ai accompagnée en cours collectif de yoga prénatal m’a confié que c’est lorsque je lui avais posé la question de savoir si elle souhaitait accoucher avec ou sans péridurale qu’elle avait pris conscience qu’elle avait le choix ! Elle a, dès lors, entrepris des recherches sur la question. Et elle a ainsi découvert deux sites (1) explicitant les différentes hormones produites lors du démarrage des contractions et indiquant l’effet perturbateur de la péridurale sur la production de ces hormones.
Suite à ses recherches, cette jeune femme était décidée à accoucher sans péridurale. Une fissure de la poche des eaux en a décidé autrement : l’accouchement a finalement dû être déclenché et les contractions étaient beaucoup trop violentes pour pouvoir être affrontées sans anesthésiant.
Peu importe finalement que cette jeune maman ait réussi ou pas à accoucher sans péridurale. L’essentiel, me semble-t-il, réside dans ce cheminement personnel qu’elle a pu accomplir pendant sa grossesse, dans cette mise en mouvement qui lui a permis de s’informer et de faire un choix délibéré, au plus près de ce qui paraissait juste pour elle…
Toujours selon l’étude du CIANE, si 88% des femmes dont c’est le premier accouchement ont recours à la péridurale, elles ne sont plus ensuite que 58% à en bénéficier lors des accouchements suivants. Au delà du fait que les naissances sont généralement plus rapides les deuxième et troisième fois, n’est-ce pas aussi parce que bon nombre de femmes, ayant désormais une expérience, savent mieux ce dont elles sont capables et souhaitent vivre de tout leur être cette très grande ouverture que constitue le fait de donner la vie ?
Comme le raconte Marie-Hélène Demey dans son très beau livre, Dites le aux femmes enceintes (Editions du Dauphin) : “Il arrive souvent que des femmes qui souhaitaient une péridurale, et qui n’en ont pas eu pour une raison ou pour une autre, m’appellent juste après avoir accouché. Leur première parole, telle une nécessité absolue à la laisser jaillir, est la phrase suivante : C’est génial, je n’ai pas eu de péridurale ! Cela même avant d’évoquer le bébé ! C’est donc bien qu’il existait quelque part, soigneusement recouvert par des rationalisations diverses, le désir de faire sans péridurale. Et du coup, elles se sentent d’autant plus victorieuses“.
La douleur est toujours subjective. Ce qui est supportable pour une personne peut-être insupportable pour une autre. A chacune d’inventer son chemin, si possible librement.
Nathalie Mlekuz
(1) http://www.mamancherie.ca/fr/info/douleurtravail.htm
Une réflexion au sujet de « Accoucher sans péridurale ? »
Merci pour ce billet qui souligne à quel point il est important pour une maman d’être soutenue et respectée dans son choix, quel qu’il soit.