Qu’est-ce qu’un accouchement réussi ? Un accouchement par voie basse ? Un accouchement sans péridurale ? Un accouchement sans souffrance ? Une grossesse menée à terme ? Un bébé en bonne santé ? Chaque personne a, bien sûr, en tête, une image de ce que signifie, pour elle, un accouchement réussi. Pour un premier enfant, l’inconnu est vaste. Les femmes se débrouillent avec les mots qui leur sont donnés, ceux de leur famille, ceux de leurs amies, ceux qu’elles trouvent sur internet… Chacune se fait une représentation de ce qui l’attend et vient ensuite la confrontation avec le réel. De cette première confrontation, plus ou moins douloureuse, émerge souvent une vision plus nette de ce que l’on souhaite pour la mise au monde d’un deuxième enfant. Forte de leur expérience -et surtout lorsque celle-ci a été éprouvante-, les femmes savent mieux quelle est leur marge de manœuvre, ce sur quoi elles peuvent avoir prise, elles sont aussi souvent plus claires sur ce qu’elles désirent pour elles et pour leur enfant.
Se glisser dans le flot de la vie
Il y a parfois des accouchements qui, de l’extérieur, peuvent paraitre loin d’être réussis et qui pourtant, laissent dans le cœur de la personne concernée, un sentiment apaisé. C’est ce qui est arrivé à A. qui a l’an dernier suivi les cours de yoga prénatal. Son premier accouchement lui laissait un souvenir pénible. Elle était décidée, cette fois, à se préparer au mieux pour mettre son enfant au monde de la façon la plus fluide et la plus naturelle possible. Elle a beaucoup investi les cours de yoga. Mais son bébé était en siège et une césarienne a finalement été programmée. Cela n’a pas été simple, cet accouchement se profilait très différemment de celui qu’elle avait envisagé, mais elle l’a finalement accepté. Les respirations apprises lors du cours de yoga l’ont beaucoup soutenue lors du passage vers la salle d’opération, elle a pu sentir un peu le corps de son bébé quitter son ventre et à la différence de la première fois, elle n’a pas du tout eu le sentiment qu’on lui avait volé la naissance de son bébé.
Un accouchement « réussi » dépend sans doute de la capacité de chaque personne à faire corps avec le moment présent, capacité à ne pas s’accrocher à ce qu’elle avait imaginé, souhaité, rêvé, capacité à se glisser dans le flot de la vie.
Mais quoiqu’il advienne, ce moment intense de la mise au monde constitue un moment de rencontre avec la profondeur de l’être. Et sur ce plan, il ne peut y avoir d’échec. Se rencontrer dans son lien avec la souffrance, avec la douleur physique, dans sa difficulté à lâcher ce qui avait été imaginé, dans sa capacité à s’ouvrir est toujours source d’enseignement.
Nathalie Mlekuz