Il y a une quinzaine d’années, alors que mes filles avaient toutes les deux moins de dix ans, je suis allée, avec elles, à une exposition organisée par le Musée de l’homme, à Paris, intitulée Naissances : gestes, objets et rituels. C’était une exposition extrêmement riche, explorant l’évolution de la naissance à travers le temps et présentant également les pratiques en vigueur, ici en France et dans d’autres pays. C’est à cette occasion que mes filles et moi avons pu découvrir un petite vidéo extraordinaire montrant une femme accouchant de jumeaux, assisté par Frédérick Leboyer, obstétricien et auteur de nombreux livres dont Pour une naissance sans violence.
Loin des images classiques de l’accouchement, nous avons découvert à l’écran une femme qui pouvait contenir, grâce au. souffle, l’intensité qu’elle était en train de traverser en mettant ses bébés au monde. Le premier est sorti sans un cri, à peine quelques gémissement, puis le deuxième est arrivé. C’était fascinant.
Je n’ai pas retrouvé cette vidéo sur internet. mais en la cherchant, j’en ai trouvé une autre : https://www.youtube.com/watch?v=JLDr00hSiAA montrant cette fois l’arrivée d’un seul bébé quasiment sans un cri tant du côté de la maman que de celui du bébé.
Images de femmes désemparées
Loin de moi l’idée de reprocher quoique ce soit aux femmes qui crient : je sais que pour certaines personnes le cri, s’il vient des tripes et est bien vécu, peut vraiment constituer une aide précieuse. Juste ce qui m’avait marqué dans la vidéo présentée lors de l’exposition, c’est que cet accouchement différait totalement des représentations de l’accouchement qui, alors, étaient parvenues jusqu’à moi. Dans ces représentations qui m’étaient familières, les femmes étaient toujours dépassées par ce qui leur arrivait, elles partaient en vrille : cris, pleurs , attitudes paniquées… étaient la norme. Des représentations qui d’ailleurs restent d’actualité : j’ai vu il y a peu le film Sage-femme (réalisé par Martin Provost avec Catherine Frot et Catherine Deneuve) et les accouchements présentés, dans cette fiction pourtant relativement récente, continuent à perpétuer l’image de femmes désemparées. Je n’avais pour ma part pas idée, avant de voir cette petite vidéo de Leboyer, qu’il était possible d’accoucher aussi calmement. Et je me suis vraiment félicitée d’être venue avec mes filles et qu’elles puissent déjà inscrire en elles cette façon confiante de mettre au monde un enfant .
Nathalie