“Un livre sur le yoga devrait être consacré non seulement à l’enseignement du yoga, mais également à son pouvoir transformateur. Il devrait non seulement nous informer mais également nous inspirer. Nous ne devrions pas simplement nous extasier devant l’agilité des modèles mais faire l’expérience de l’union. Les images devraient être des fenêtres plutôt que des tableaux, des fenêtres par lesquelles, en regardant assez attentivement, nous pourrions voir et ressentir l’union de notre moi et du divin“.
Extraite du texte d’ouverture, écrit par Swami Chidanand Saraswatiji, cette citation résume l’ambition de l’ouvrage réalisé par Michael O’Neill. Ayant pour titre, A propos du Yoga, l’architecture de la paix, ce livre au format imposant et de belle facture, publié par les éditions Taschen, nous invite à un voyage aux sources du yoga. L’auteur n’ayant de cesse à travers les portraits de personnalités reconnues ou de simples anonymes, de s’approcher au plus près de l’essence profonde du yoga.
Portraitiste professionnel, Michael O’Neill a rencontré le yoga suite à la paralysie de son bras droit. Les neurologues lui avaient alors certifié qu’il ne pourrait plus jamais se servir de ce bras. Grâce à la méditation, à l’hydrothérapie et au yoga, le photographe a réussi à déjouer ces sombres pronostics. Le yoga fait désormais partie de son quotidien. Et c’est dans cette histoire, dans ce lien de gratitude avec le yoga, que s’enracinent ses photos et ses textes. Mais son projet est aussi de garder la trace d’une page qui est en train d’être tournée, la mémoire de la période qui vient de s’écouler, qui a vu le yoga se propager à grande vitesse à la surface du globe.
De fait, les pionniers du yoga en Occident sont tous là : invités à poser à côté du lieu le plus sacré, le plus spirituel à leurs yeux, Desikachar pose à côté d’une statue de Patanjali, Pattabhi Jois devant le dortoir du collège de son enfance tandis qu’ Iyengar a, lui, donné au photographe l’autorisation exclusive de le photographier dans son temple privé du Ramamani Institute construit autour d’une colone centrale : “Celle-ci est l’épine dorsale de l’édifice, représentation de la colonne d’énergie (kundalini) qui culmine sur le toit dans une couronne formée de sept cobras….“
A travers des postures, souvent époustouflantes, mais aussi des visages, des objets, des images, des paysages, Mickaël O’Neill nous dévoile, photo après photo, les racines profondes du yoga, intimement liées à la terre de l’Inde. Il nous parle de cette culture où les enfants, dès leur plus jeune âge, s’amusent à défier les lois de la gravité, où un jeune, vivant près d’un gourou dans l’Himalaya, peut se rendre dans la forêt toute proche et rester onze heure dans la posture de l’arbre, arbre parmi les arbres, où tous les sept ans une foule d’hommes et de femmes s’immergent dans le Gange… Il nous montre aussi comment le yoga colore ceux qui le pratiquent ou le transmettent, et c’est sans doute ce qu’il réussit le mieux : nous donner à vivre, à ressentir cette présence au monde qui, de façon étonnante, mêle harmonieusement rayonnement et dessaisissement de soi.
Nathalie Mlekuz