Entre leurs mains…

Tout a commencé par la lecture d’un billet sur le site Dix lunes.  Intitulé Si tard et illustré par une photo de larmes, ce petit récit, vivant et bien mené, évoquait les pleurs d’une femme qui avait la veille visionné le documentaire Entre leurs mains. Elle était mère de trois enfants,  le  dernier avait quinze ans, et elle avait découvert, en regardant ce film, que ses accouchements auraient pu se passer différemment, que personne ne lui avait jamais parlé d’accouchement physiologique… Intriguée, je me suis souvenue que le précédent billet de Dix lunes était justement consacré à Entre leurs mains. je ne m’y étais pas attardée. J’avais juste vu que ce documentaire portait sur l’accouchement à domicile. Or ayant en tête les propos de Michel Odent, “L’épidémie annoncé de vidéos de naissances “naturelles“ a pris des proportions inattendues et inquiétantes. Les scènes sont quasi-standardisées. On voit une femme en train d’accoucher, habituellement entourée de plusieurs personnes qui la regardent, y compris un homme et une caméra (puisqu’il y a une vidéo). Ces naissances sont présentées comme naturelles, parce que cela se passe à la maison (…). Mais l’environnement est aussi peu naturel que possible“, j’étais comme lui  convaincue que l’accouchement à domicile ne pouvait se conjuguer avec la présence d’une caméra. Et de fait, je n’avais guère envie de m’intéresser à un film sur le sujet.

Le récit sur cette femme en pleurs m’a néanmoins suffisamment interpellée pour m’amener à regarder la bande annonce. Et là, contre toute attente -en dépit de ce que je venais de lire je n’avais à aucun moment imaginé que cela pouvait m’arriver…-, je me suis, moi aussi, retrouvée… en larmes. J’aime beaucoup ces moments où on se surprend soi-même, ces moments où l’on se découvre autre que ce que l’on se pensait. En ces quelques minutes de bande-annonce, je me suis sentie “saisie“. Les larmes, pour moi, n’étaient pas liées aux regrets, au passé, non, ce qui m’a touchée c’est, je crois, la force qui se dégageait des paroles énoncées, la puissance  que les femmes peuvent acquérir lorsqu’elles s’unissent et lorsqu’elles parviennent à mettre en mots leur vérité.

Suite à cette émotion si inattendue, j’ai finalement pris le temps de regarder Entre leurs mains. Bien qu’ayant pour thème l’accouchement à domicile, ce documentaire, réalisé par Céline Darmayan, interroge, au final, l’accouchement en général et le peu de liberté dont disposent les femmes dans le système actuel. Ce film témoigne, me semble-t-il, essentiellement de ce que les femmes au XXIème siècle continuent à endurer. De la façon dont leur savoir continue à être muselé. Il nous dit à quel point nous ne sommes encore ni libres, ni puissantes….

Nathalie Mlekuz

La citation de Michel Odent est extraite du livre “Le bébé est un mammifère“. Editions l’Instant Présent.

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