Il y a quelques semaines, alors que je terminais une séance de yoga prénatal à domicile, la femme enceinte que j’accompagne m’a présentée à son fils aîné, âgé de deux ans, en disant : « C’est Nathalie, c’est avec elle que je fais du sport“.
J’avais 16 ans lorsque j’ai commencé à pratiquer le le yoga et je me rappelle que pour moi, à l’époque, le yoga était aussi, avant tout, assimilé à une activité physique. Je m’étais inscrite à un cours de yoga comme j’aurais pu m’inscrire à un cours de gym… Il n’y avait pas de différence dans la démarche mais mon corps me disait néanmoins, à la fin de chaque séance -même si je n’étais pas alors capable de traduire ces ressentis en mots- que le yoga n’était pas qu’un cours de gym…
Le Larousse définit le sport comme « une activité physique exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l’effort, et dont la pratique suppose un entraînement méthodique, le respect de certaines règles et disciplines“. Le yoga possède effectivement des points communs avec cette définition : il comporte une dimension physique ; mieux vaut le pratiquer de façon ludique, joyeuse, l’esprit curieux ; il nécessite un sens de l’effort, mais un sens de l’effort bien particulier, appelé « effort juste », qui relie avec harmonie les verbes “tenir » et « relâcher »; il exige une pratique régulière et suppose également le respect de certaines règles envers les autres et envers soi-même, appelées en sanskrit niyamas et yamas (non-violence, vérité, honnêteté….)
Si le yoga comporte assurément une dimension physique (sans aucun doute la plus visible !), il ne peut, me semble-t-il, être réduit à cette dimension physique… La posture n’est en aucun cas un objectif mais avant tout un prétexte : la qualité de présence, d’attention que nous parvenons à déployer dans la posture prime sur son exécution parfaite. Chaque posture constitue ainsi un lieu d’exploration de soi, la possibilité de rencontrer ses limites, ses résistances, ses tensions, ses sensations, ses ressentis, les pensées qui, pendant la pratique, nous viennent à l’esprit…
D’autre part, alors que les objectifs du sport sont résolument tournés vers le monde extérieur (se muscler, battre un adversaire, décrocher des médailles, des trophées, des records, …. ), le yoga privilégie lui le monde intérieur. Il nous apprend non pas à soumettre notre corps à notre volonté mais à coopérer avec notre être profond.
Enfin, au-delà de la pratique corporelle, le yoga propose également, à travers les yoga sutras de Patanjali, une philosophie, une vision du monde et de l’être humain, ce qui, à ma connaissance, n’est le cas d’aucun sport…