Il va de soi, dans notre culture, que certaines choses coûtent cher. Même si on ne peut pas toujours se l’offrir, il est admis qu’il faille débourser plusieurs centaines d’euros pour réaliser un voyage au bout du monde ou acquérir un ordinateur sophistiqué… J’ai le sentiment en revanche qu’il n’en va pas de même pour la préparation d’un accouchement. Dans ce domaine, la dévaluation liée au féminin et aux enfants semble prévaloir. Les femmes intègrent, souvent malgré elles, les représentations imposées par un monde qui valorise et rémunère les compétences techniques, technologiques et dévaluent le travail avec les enfants. Ainsi prendre soin de soi et de son bébé, se préparer pour la naissance, et notamment suivre des cours de yoga pour femmes enceintes, est souvent perçu comme une dépense pas vraiment nécessaire, un luxe dont on peut se passer.
Pourtant, comme je le répète aux personnes que j’accompagne, donner naissance à un enfant constitue l’un des plus beaux voyages de la vie. C’est l’un des moments les plus forts, les plus essentiels d’une existence… Un événement unique, incomparable, qui, marque chaque mère et chaque père en profondeur.
Dans le film Genpin (film qui évoque une clinique alternative au Japon), une femme raconte que l’une de ses amies qui a accouché dans une clinique traditionnelle, ne veut surtout pas, tellement cela a été douloureux, se souvenir de son accouchement. Cette femme précise que, pour elle aussi, même si elle s’était bien préparée, c’est resté difficile. Elle se rappelle avoir beaucoup crié, pleuré aussi mais elle souligne que quoiqu’il en soit, elle aime repenser à cet accouchement, elle aime se rappeler ces heures qui ont précédé le moment où elle a pu toucher la peau et voir le visage de son bébé pour la première fois… Cela me parait effectivement d’une très grande tristesse de ne pas avoir envie de se souvenir de son accouchement, de préférer ensevelir dans l’oubli un événement d’une telle intensité, d’une telle beauté…
La grossesse et l’accouchement présentent cette particularité d’être à la fois extrêmement banals (tant de femmes ont accouché depuis le début de l’Humanité…) et absolument extraordinaires quand on a à les vivre... D’où l’importance de ne pas seulement en rester à l’idée d’avoir un enfant mais de prendre également le temps d’être enceinte, de se relier à ces sensations si étonnantes liées à cette nouvelle vie qui se construit en soi, d’apprivoiser le corps changeant et de se préparer à vivre le plus en conscience possible le moment de la rencontre, dans le monde du dehors, avec le tout petit… Et dans ce domaine, le yoga apporte assurément une aide extrêmement précieuse…
Nathalie Mlekuz