Invitation au plus beau des voyages

Invitation au plus beau des voyages“. C’est le titre d’un film, réalisé par Bernard Bonnamour, autour du travail de la thérapeute Nicole Bar, fondatrice de l’école du soin à Albertville. Film qui commence, comme je l’ai mentionné dans mon précédent article, par la citation de Khalil Gibran : vos enfants ne sont pas vos enfants…

C’est un film qui m’a profondément intéressée. Une invitation à mieux comprendre les lois qui régissent le monde des enfants. S’appuyant sur l’œuvre du philosophe Rudolf Steiner et sur celle de la psychanalyste Françoise Dolto, Nicole Bar explore les notions de désir et de liberté. Elle est convaincue que quand un être humain fait vraiment ce qu’il veut, c’est bon pour lui mais également pour ceux qui l’entourent et pour le monde tout entier. “Plus je fais ce que je veux vraiment, moins j’entrave mon voisin“. Ainsi, selon elle, contrairement à ce que l’on nous rabâche, loin de s’arrêter là où commence celle des autres, la liberté de chacun commence, au contraire, là où commence celle des autres. D’où l’importance selon elle de prendre soin du désir des enfants. Parce que rester en contact avec son vrai désir suppose d’avoir pu créer une relation profonde avec soi-même. L’enfant respecté dans son désir va poser des actes justes en harmonie avec la nature et la vie humaine. Il va aimer faire son devoir. Sans se sentir enchainer. “Les enfants que l’on habitue très tôt à décider par eux mêmes ne seront pas des moutons. Ils ne seront pas violents non plus. Mais ils ne feront pas“.

Le jeu : le travail des enfants

Dans ce contexte, l’enfant est un hôte qui cherche son chemin. Et l’adulte a pour mission de veiller sur lui, par le biais d’une éducation non violente et non interventionniste. Ce qui est d’autant plus possible qu’il connait et comprend les étapes de développement de l’enfant. Nicole Bar présente en détail les trois premières années.

Elle insiste par exemple sur l’importance du jeu qui pour les enfants constitue un travail. Quand un enfant arrête de jouer, laisse sa petite voiture à un endroit et la retrouve le lendemain matin dans le coffre à jouets cela peut être vécu par lui comme un non respect de la tache qu’il a entreprise. Imaginez que vous laissiez votre bureau en plan avec vos dossiers ouverts là où vous comptiez les reprendre le lendemain et que vous retrouviez tout bien rangé en revenant, comment vivriez-vous la situation ? Il ne faut pas s’étonner qu’un enfant traité de cette façon ne respecte pas les jouets de ses copains, souligne Nicole Fabre.

Lâcher-prise

Respecter le désir des enfants, le laisser faire ses propres expériences suppose souvent de savoir lâcher-prise. C’est ce dont témoigne une mère qui raconte qu’elle ne supportait pas que son fils joue avec de l’eau : “Son désir à lui c’était de verser un peu d’eau sur le sol et de voir si l’eau allait passer dans les petits trous et mon désir à moi était qu’il ne salisse pas“.

Il y a quelque chose de très touchant et de très convaincant dans ce film, c’est la présence des enfants lors des séminaires de travail destinés aux adultes dans le cadre de l’Ecole du soin. Plusieurs participants témoignent que cela n’a pas été simple au début, que les enfants les dérangeaient ou mobilisaient leur attention, mais qu’ils ont pu vraiment constater qu’ainsi accueillis les enfants n’étaient pas un obstacle à la tranquillité.

Un film qui me semble-t-il peut vraiment enrichir de jeunes futurs parents.

Nathalie Mlekuz

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